Alain Borne, s’il est relativement oublié aujourd’hui, est toujours publié : j’ai dans ma bibliothèque les deux livres publiés chez Éditinter en 2001 et 2002 qui regroupent quatre recueils d’Alain Borne parus entre 1945 et 1953. Aragon lui a dédié un poème en 1941, « Pour un chant national », dans lequel il le compare à Bertran de Born… Sans doute sa disparition prématurée dans un accident de voiture explique-t-elle l’oubli qui entoure de nos jours son œuvre et l’on peut rêver à ce que serait devenue sa poésie. Mais Aragon a écrit d’autres choses à propos d’Alain Borne…
Max Alhau s’attache à la présence de la femme et de l’amour dans les recueils d’Alain Borne. Il n’ignore pas les aléas de la vie amoureuse du poète tels qu’ils apparaissent dans ses vers : « Au sentiment de pureté que représentait l’amour a fait place son opposé : l’impureté du corps féminin. À la tendresse succède le sarcasme, marque de la déception, du dégoût ». L’amour est inséparable du rythme des saisons, affirme Max Alhau, aussi n’est-il pas étonnant de lire chez Alain Borne, à mesure des changements de l’amour, des points de vue différents sur la succession des mois, sur la vie.
Cette étude renouvelle l’opinion couramment partagée sur Alain Borne, celle d’un poète de l’amour et celle d’un poète engagé dans les combats de son temps. Max Alhau met bien en évidence les hauts et les bas de l’amour ! Ce qui explique que « la mort ira s’accentuant dans son expression… » Le temps passant, cette certitude que l’amour ne peut rien contre la mort, la mort inéluctable, augmentera en intensité jusqu’à l’apaisement final. Et l’idée de Dieu, Max Alhau en montre l’ambiguïté…
Le poète Alain Blanc est un amoureux des livres. Après avoir été libraire, il crée une revue littéraire, Voix d’encre, avant de fonder deux ans plus tard la maison d’édition qui accueille le présent ouvrage. Il n’est donc pas étonnant qu’il s’intéresse à la poésie d’Alain Borne. Que retenir de son étude ? Qu’il propose quelques pistes de lecture : « Une tentative volontaire mais fragile, sans cesse reprise, de concilier l’inconciliable, de rapprocher les antagonismes… » D’où cette vision de la femme qui traverse son œuvre : « Or, avec la beauté et l’intensité des sentiments, la femme suscite également la souillure, l’horreur des fonctions animales… » À quoi il faut ajouter une vision implacable de la finitude humaine : « … toute chose va à l’abîme, court fatalement au précipice terminal » écrit Alain Blanc. Une présence au monde non dénuée de lucidité…
Ces deux études sont complétées par l’avant-propos (éclairant) qu’écrit Alain Borne pour « Terre de l’été » (1945), un poème de Christophe Dauphin (qui montre l’écho actuel de l’œuvre), quelques témoignages (et non des moindres) sur le poète et une bibliographie qui n’ignore pas les rééditions… En l’état, cette mince plaquette constitue une bonne introduction à l’écriture de l’auteur des « Poèmes à Leslei » et une excellente incitation à lire les recueils d’Alain Borne…
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